Articles / la déesse Nuit

La Nuit:

 

 

 

 



LA DEESSE NUIT
et sa famille
dans la théogonie d’Hésiode
extraits du mémoire de Lettres, 1984

 

 

 

 

 

 

 

 

 

la nuit s’approche, les couleurs s’assombrissent, dans le jardin de l’auteur


Daniel D.R.Thomas



 

 

 

 

 


LA DEESSE NUIT et sa famille
dans la théogonie d’Hésiode

extraits du mémoire de Lettres, 1984

Introduction: beaucoup d’éléments caractérisant la recherche carillonneur.ch, son monde, ses perceptions ont pour origine cet essai de 1984, qui parle de l’ouverture entre le ciel et la terre, la naissance de la nuit, l’apparition de la lumière. J’ai choisi d’en présenter quelques extraits les plus significatifs, qui sont le plus révélant et porteurs quant à la vision du monde.

A commencer par ces chapitres sur le chaos, l’origine, une ouverture. un espace ouvert (pas le sens contemporain).

extraits: 1/ le chaos originel, ouverture entre le ciel et la terre,
2/ la Nuit, symbole de la mort

 

 

Le Chaos:

Le Chaos est le premier être; il a donné naissance à la Nuit. Qu’est-il ce premier être pour avoir pu donner naissance à cette brume noire, immense, qu’est la Nuit ? 1

a] Le Chaos, espace vide:

Aristote (Phys. JV, 208 b 26-33) interprête le Chaos comme « « , un espace libre, une place pour les êtres à naître. Cette idée de l’espace comme pur réceptacle, du lieu privé de corps, est sans doute trop abstraite, trop « moderne » pour être la conception d’Hésiode; mais je ne crois pas qu’il nous faille pour autant considérer cette interprétation d’Aristote comme complètement erronée. Aristote n’a pas pu se tromper tout-à-fait; je crois plutôt qu’il nous faut chercher dans la ligne de l’interprétation d’Aristote, mais en nous approchant de quelque chose de plus concret.
H.Fränkel adopte l’interprétation d’Aristote (D.u.Ph. p. 112): »Als erstes entstand nach Hesiod das Chaos (116), d.i. die klaffende Leere. Ehe etwas da war, gab es nur ein Nichts, eine Leere in welche die Dinge hineintreten werden und die alle Dinge umgibt. » Au début apparut le vide, la place pour les êtres à venir.

b] Le Chaos, l’abîme, la béance, le gouffre sans fond:

L’étymologie du terme Chaos nous dirige vers l’ouverture, la béance
( racine s’ouvrir, ,  , s’entrouvrir, béer, ,
ouverture et , troué,poreux).

J.P.Vernant interprête ainsi le Chaos ( Dict.Myth. vol.I, p. 255sq ):
« Ne faut-il pas alors de représenter Chaos comme un gouffre sans fond, un espace d’errance indéfinie, de chute ininterrompue semblable à l’immense abîme, le  du vers 740, dans la description du Tartare; …La Béance qui naît avant toute chose n ‘a pas de fond comme elle n’a pas de sommet: elle est absence de stabilité, absence de forme, absence de densité, absence de plein. En tant que « cavité » elle est moins un lieu abstrait -le vide – qu’un abîme, un tourbillon de vertige qui se creuse indéfiniment, sans direction, sans orientation. »

La Terre répond au Chaos: elle est le solide, la sûre assise oû s’appuyer:
(Th.117)  » « ;le Chaos lui est l’Abîme sans fond, l’Ouverture immense.

Cette interprétation ne contredit pas Aristote: le Chaos est bien l’espace libre,

 

 

 

 

 

 

 

 

une place pour les êtres à naître, mais il n’est pas le lieu abstrait; il est bien plutôt l’espace libre concret d’un abîme, d’une grande ouverture dans le monde, sans fond ni limite.2

c] Le Chaos, espace libre entre le Ciel et le Terre:

F.M.Cornford et G.S.Kirk défendent cette interprétation du Chaos comme ouverture entre le Ciel et la Terre donnant l’espace nécessaire aux êtres pour y évoluer, comme si l’apparition du Chaos désignait la séparation du Ciel et de la Terre et que le monde avant lui était comme un seul bloc, fermé. Or Hésiode dit bien que le Chaos est « tout premier », il ne parle pas de « l’oeuf »
du monde, de ce bloc fermé que le Chaos aurait ouvert; et, d’autre part, il dit bien que la Terre apparaît ensuite, puis que le Ciel naît de la Terre, qu’il est donc d’une génération plus jeune que la Terre. J.P.Vernant s’exprime ainsi (op.cit. p. 255): »Mais que pouvait bien être l’espace entre ciel et terre quand n’existaient encore ni le ciel ni la terre ? »

O.Gigon a une façon proche mais néanmoins différente de comprendre le Chaos (U.g.Ph. p.28sqq) : »Was bedeutet dies bei Hesiod? Wenn Hesiod nach dem Ursprung fragt, so meint er das einfachste, undifferenzierste Wesen…. . Aber er denkt nun auch Erde und Himmel weg. Der Ursprung ist gestaltlos, und um zum Ursprung zu gelangen, muss auch von diesen beiden letzten gestalteten Wesen abgesehen werden. Dann bleibt nur noch der Raum zwischen Himmel und Erde übrig. Er ist das Chaos. » Il ne parle pas de séparation du Ciel et de la Terre, mais seulement de l’apparition à l’origine de l’espace entre le Ciel et la Terre. Je répète ici la phrase de J.P.Vernant: »Mais que pouvait bien être l’espace entre ciel et terre quand n existaient encore ni le ciel ni la terre ». Et, de plus il me semble que le Chaos désigne aussi l’espace sous la Terre, en tant que père de l’Erèbe, de l’obscurité souterraine. Cette interprétation n’est quand même pas fausse dans toutes ses conclusions; quand il dit (p.30): »… während Hesiod den viel radikaleren Begriff des klaffenden Raumes selbst vorgezogen hatte, der das Substrat Von Tag und Nacht zugleich ist », j’accepte tout-à-fait son interprétation de l’espace béant, substrat du Jour et de la Nuit, qui concorde avec celle de la Béance, de l’Abîme; elle est seulement trop restreinte, le Chaos est plus immense, une fois la Terre apparue, il désignera aussi bien l’espace sur la Terre que l’abîme en-dessous.

 

 

 

 

 

extrait du mémoire de littérature grecque, 1984″La déesse Nuit et sa famille dans la Théogonie d’Hésiode » Daniel Thomas , page 29:

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